Magistrale mise en scène de Guy Simon qui a réussi le pari de retrouver la dimension ubuesque et décapante du personnage de Scapin, acrobate et clown, superbe et grotesque, loufoque et insaisissable, et qui irradie la pièce de sa présence virevoltante et de ses répliques acerbes.
Regard corrosif de Molière sur ses contemporains, scénographie empreinte du réalisme brut, âpre et mécanique d’un univers portuaire moderne.
Tout est mouvement, allées et venues, apparitions, disparitions, brouillements de vie mais aussi voltige et dynamique de l’espace avec une grue centrale qui permet toutes sortes d’évolution aérienne. On assiste à une tornade délirante où comédiens et acrobates se croisent, s’entrecroisent, tricotent et tissent l’espace au gré d’un Scapin qui se dédouble.

L’ironie mordante et la verdeur du langage de Molière permettent de privilégier la dynamique des corps sur scène, de faire danser les mots tout en décortiquant l’âme humaine.
Ici, et l’instant d’après là-bas, Scapin se fait le témoin d’une société engluée dans la langue de bois, les mensonges et les conflits d’intérêts misérables.
Quoi de plus moderne !

Photos © Roger Dumax